• C...

     

     

    J'arrive un peu en retard. J'entre tranquillement dans le petit café cosy derrière le parc Georges Brassens. Il est au fond attablé devant un reste de grog, plongé dans la lecture d'un livre de François Morel.

    Rien qu'à cet instant il marque un point sans le savoir.

    L'instant d'après un autre. Parce qu'il m'accueille avec le sourire.

    Je lui demande si cela ne fait pas trop longtemps qu'il m'attend. Il n'en sait rien en fait. Il était plongé dans sa lecture et n'a pas vu le temps passer. Ni dans l'attente, ni dans l'espérance et encore moins dans l'impatience.

    Voilà quelqu'un qui attend sans en faire une affaire d'état.

    Cela me change. C'est quelqu'un qui a les yeux rieurs, quelque chose de vrai dans le regard. Rien de dur, ou de pervers même sans le savoir.

     

    Il me le dit d'ailleurs au bout d'un moment dans notre conversation animée. Il dit qu'il a conscience de sa part de féminité et qu'il l'assume voir même il la revendique. Il n'y a pas de dualité pour lui mais de la complétude.

    Ces idées me plaisent. Elles sont intéressantes autant qu'apaisantes. Il est à l'aise, jovial.

    Il parle de lui mais sans être centré sur sa personne.

    Il ne se vante de rien. Il ne parle pas de ce qu'il est, mais de ce qu'il fait et de la façon dont il a vécu chaque événement, ce qu'il en a tiré comme leçon, ce qu'il a appris à accueillir, à accepter, à laisser passer.

    Je découvre en douceur, qu'il a tout comme moi vécu déjà plusieurs vies en une comme on dis.

    Qui plus est des activités que j'aime, certaines que j'ai aussi pratiqué, des passions communes.

    La musique, l'équitation, la marche, certains pays, de préférences cinématographiques, des films japonais, l'écriture...

    Il se promène avec un petit carnet de notes.

    Il est curieux de ce que j'ai pu connaître ou faire qu'il ignore et qui l'intéresse vivement.

    Notre dialogue s'enchaine, virevolte, s'équilibre avec plénitude.

    Ses yeux bleus brillent de douceur.

    Il me confie croire déjà m'avoir vue. Me demande si je suis comédienne.

    Si j'ai des origines slaves.

    Nous avons en commun l'amour de l'Irlande, l'amour de la contemplation, de l'océan sur lequel il surfe.

    Il a été très loin dans les arts martiaux, dans la découverte de certaines contrées du monde.

    Il est agréable de l'écouter.

    Grand, svelte, tranquille et doux, il sait pourtant ce qu'il veut. Il sait aussi où il en est.

    Il me semble, tout comme je commence à le faire depuis quelques mois, savoir prendre le positif de chaque situation. Il a appris à accepter les évènements tels qu'ils se présentent.

    Il a beaucoup voyager, son esprit est ouvert. Je le devine tolérant, bienveillant mais cependant, déterminé.

    Cela me change de tous ces hommes qui se demandent quoi me raconter. Qui n'ont rien à dire. Qui ne savent pas parler d'autre chose que de leur femme, leurs ex, leurs enfants ou la tortue de ces derniers, ou encore du temps qu'il fait !

    Je vois la différence.

    Cultivé, modeste et curieux. Sportif de haut niveau et passionné de la Vie.

    Celui là ne se demandera surement pas comme d'autres comment briller à côté de moi.

     

    C'est un plaisir de converser sur le vécu, le ressenti, les similitudes qui nous rapprochent, nos ondes qui sont sur la même longueur.

    Il repartira en vélo après m'avoir volé un baiser dont il mourait d'envie et qu'il avoue sans honte avec le sourire.

    Je suis repartie avec le sourire.

     

    J'ai cru comprendre qu'il voulait me revoir... dans pas trop longtemps.


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